On appelle en général « introduction » un morceau qui en précède un autre, en annonce, en suggère, parfois par caractères contrastants, des éléments. Ce n'est pas le cas dans cette « Introduction à l'Obscur » où le mot assume pleinement le sens d'une attente.
Dans Introduzione all'Oscuro, l'imitation, le transfert de certains sons physiologues est évident : une sorte d'objectivation, une dramatisation muette de la pulsation cardiaque et de la respiration. Ici, la musique tend à inverser les termes d'absence et de présence, les déplaçant vers ce qui est « spectral ». Ce qui s'annonce ne se perçoit pas : reste seulement un mouvement aveugle et énigmatique en accélération et décélération de pulsations périodiques.
Quelques réminiscences de chansons apparaissent (lambeaux de réel dans ce climat de tension) non seulement avec la magique indifférence des choses qui nous sont familières, mais plus encore, presque comme de limpides épiphanies.
(1996)
· Brahim KERKOUR, Beyond the poetry of silence: Musical process and perception in Salvatore Sciarrino's "Introduzione all'oscuro", Doctor of Musical Arts Columbia University New York, 2010, supervisor Fabien Levy.
· Enrico BIANCHI (2008), '“Introduzione all’oscuro” di Salvatore Sciarrino: aspetti formali e simbolici correlati al timbro', in «Rivista di analisi e teoria musicale», Anno XIV n. 2, pp. 93-110.